L¿histoire de la censure théâtrale en Grande-Bretagne se définit par le non-dit et l¿implicite. Dans le contexte laxiste des années 1960, on remarque un écart visible entre un théâtre inventif, en prise avec son époque, et un appareil de censure résolument anachronique. Pour répondre à cette béance, un mode de représentations alternatif - toléré par le censeur dans les années 1920 ¿ se place en avant-scène. Quand le confidentiel devient public, le statu quo est ébranlé. Les dernières années de la censure sont ainsi témoins d¿une tension entre les auteurs, le censeur, le gouvernement et la monarchie.
Cette communication éclaire, à l¿aide de documents d¿archives, les zones d¿ombre de l¿abolition de la censure. Elaborés dans les coulisses ou délivrés en apartés subversifs, les discours politiques et dramatiques démontrent que les mécaniques de la loi de 1968 sont le résultat de mouvements opposés, poursuivis jusqu¿à l¿impasse.
Ainsi, nous établirons l¿influence capitale de cette nouvelle scène sur l¿effondrement de la légitimité du censeur. Les représentations de You Won¿t Always be on Top, A Patriot for Me et Saved outrepassent ouvertement les règles imposées par le censeur. Dans les coulisses gouvernementales s¿engagent en conséquence un soutien des auteurs dramatiques et une tentative de conciliation diplomatique avec le censeur. Toutefois, le procédé législatif subit, à l¿exemple des auteurs, des `stratégies d¿euphémisation¿. Le dossier de correspondance de Early Morning, la dernière pièce censurée, indique en filigranes le non-dit sur lequel le système de censure est construit et démasque le véritable manipulateur.